"il faut se prendre en main pour faire en sOrte que les choses bougent"
Pauline Jacob, Présidente de l'association "Etrange lucarne"
Au sein de L’Étrange lucarne, l’association qu’elle préside, ou pour le site Décrypt'images, auquel elle a collaboré lors de son service civil à la « Ligue », Pauline Jacob se consacre à l’éducation à l’image sous toutes ses formes. Un travail que la jeune femme poursuit actuellement pendant sa formation à l’ESJ Bondy, école supérieure de journalisme.
« Elles sont difficiles ces questions ! », s’exclame Pauline Jacob. Difficiles non, mais personnelles, sans aucun doute. Le hic, c’est que cette jeune lorientaise au sourire communicatif, qui vient de terminer son service civil volontaire au sein de la mission « Images, information, multimédia » de la Ligue de l’enseignement, n’aime pas parler d’elle. Davantage de ce qu’elle fait. « Nous vivons une époque difficile qui souffre du manque d’investissement des gens, déplore-t-elle. Il faut se prendre en main pour faire en sorte que les choses bougent. Nous sommes dans un coma collectif, une passivité frustrante. Il faut œuvrer pour dépasser cela. »
À seulement 25 ans, Pauline a multiplié les initiatives comme les expériences associatives. Elle a notamment créé L’Étrange lucarne, une structure d’éducation par les images destinées aux enfants comme aux adolescents. Dans des centres de loisirs ou de vacances, l’association propose des modules de formation pendant cinq jours, grâce à la présence d’un vidéobus.
« Les deux premiers sont consacrés à des ateliers d’écriture de scénario et de décryptage des images, raconte sa présidente. Les enfants sont réunis par groupe de cinq ou six. Il leur est demandé par exemple de claquer des mains quand un plan change… ». Ensuite, pendant trois jours, avec un réalisateur, un preneur de son et un cadreur, les jeunes répartis par groupe de trois « font » le film qu’ils ont conçu. Sans intervention sur la réalisation, sauf en leur demandant de justifier leurs choix.
Ces courts-métrages sont diffusés sur place lors d’une cérémonie, puis mis en ligne sur le site de l’association. Avec l’envie affirmée d’aider nos chers bambins à appréhender l’image dans une société où elle se décline sur tous les supports (télé, ordinateur, mobile).
« Le plus dangereux c’est l’absence de recul, c’est le fait que ces jeunes n’aient pas les armes pour comprendre ce qu’on leur montre, souligne Pauline Jacob. J’ai envie qu’ils comprennent ce que signifie mettre en exergue tel sujet dans un journal télévisé, ce que cela sous-entend. Idem pour les réseaux sociaux. Facebook peut être un outil génial. Mais sont-ils au courant qu’exposer sa vie sur la Toile peut les pénaliser dans le futur, laisser des traces ineffaçables ? »
En plus de ces activités, l’Étrange lucarne travaille en collaboration avec le festival du court-métrage de Brest pour y animer des ateliers de montage, de production et de postproduction, afin d’envisager la vie d’un film après son passage dans un festival.
Analyser l’actualité
Son association, qui compte une trentaine de membres, devrait prochainement être affiliée à la Ligue de l’enseignement.
La « Ligue », Pauline l’a découverte en novembre 2009. À l’époque, elle travaillait depuis un an et demi à Europe 1, au standard, puis comme assistante de Caroline Dublanche, présentatrice des émissions de libre-antenne en nocturne.
Et puis elle décide de postuler pour un service civique à la Ligue de l’enseignement… Pendant cette année, notre web-reporter conduit notamment une enquête dans le domaine des images, de l’information, de la société numérique des fédérations départementales de la Ligue tout en participant à l’animation de Décrypt'images. Un site consacré à son cheval de bataille : la prise de recul et le décryptage de l’image sous toutes ses formes, en analysant comment les médias traitent l’actualité.
« J’aime les valeurs du monde associatif »
Dans ce cadre, Pauline a aussi participé à la mise en place de modules de formation qui s’adressent à différentes classes d’âge pour permettre à des animateurs de réaliser des interventions pédagogiques. Sans oublier d’écrire des articles pour les Idées en mouvement ou Médiapart afin d’exercer sa plume.
« Je suis venue à la Ligue pour découvrir le monde associatif et au-delà, un secteur qui oeuvre dans le domaine de la société de l’information. C’est ainsi que j’ai découvert le milieu journalistique et cela m’a donné l’envie de reprendre des études après une coupure de trois ans », indique cette passionnée de théâtre, longtemps membre d’une troupe en Bretagne.
C’est à l’ESJ Bondy (école supérieure de journalisme), où elle vient d’entamer une formation en alternance avec France 5 pour le site Curiosphère (consacré à l’éducation par les images !), que Pauline va donc vivre de nouvelles aventures, tout en continuant à être
bénévole pour Décrypt'images ou pour l’association Information et citoyenneté.
Une manière de défendre concrètement ses opinions : « J’aime les valeurs du monde associatif, différentes de celles du monde mercantile et consumériste, et cette volonté d’améliorer les choses. C’est davantage là que je vois mon avenir professionnel, plus que dans un média classique ! »