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à Mayotte, l’Ufolep démarre avec les courses de pneus

Chaque année en juillet, l’île vit le plus grand événement sportif de l’année : la finale du championnat de courses de pneus. Un événement co-organisé par un comité Ufolep créé en 2012, et encore en cours de structuration.

En lançant il y a trente-trois ans la première course de pneus à Mayotte, Jack Pass était loin de se douter de l’engouement que susciterait son initiative. La manifestation imaginée par ce professeur d’EPS pour les jeunes des quartiers défavorisés de Mamoudzou, la capitale, s’est en effet très vite installée dans le paysage socio-culturel et sportif local, attirant un public nombreux et varié où toutes les générations sont représentées.
Elle se structure aujourd’hui avec l’appui du comité Ufolep de Mayotte, créé en 2012 au lendemain de la « départementalisation » de ce territoire d’outremer (1).

 

 


À L’ÉPREUVE D’EPS DU BACCALAURÉAT
Cela n’est pas un hasard : à Mayotte, la course de pneus est à la fois un moment de partage privilégié, un outil de cohésion sociale et un élément de l’identité locale.
Cela ne l’empêche pas d’être aussi un évènement sportif à part entière : la discipline est même si populaire que les lycéens peuvent la choisir au baccalauréat à l’épreuve
d’éducation physique !
Cet engouement s’explique aisément. Sur un territoire caractérisé par la pauvreté d’une grande partie de la population, par l’enclavement des villages et la faiblesse des pratiques organisées, la course de pneus c’est l’art de la récupération marié à l’activité physique la plus naturelle qui soit, puisqu’on peut la pratiquer pieds nus…
Cette popularité croissante a conduit à délocaliser l’événement aux quatre coins du territoire. Cela permet aux jeunes des zones les plus éloignées d’y prendre part, avec l’ambition de se qualifier pour la grande finale. La réorganisation des territoires liée à l’évolution administrative a également favorisé cette participation élargie.


CINQ ÉTAPES ET UNE FINALE
Sous l’impulsion des services de l’État (2), de l’agence événementielle Angalia et du comité Ufolep, la course de pneus est désormais déclinée sous la forme d’un championnat impliquant toutes les communes de l’île. Encore fallait-il aider celles-ci pour l’accueil des participants : l’Ufolep et l’agence Angalia ont donc mis en place à leur intention un dispositif d’accompagnement qui s’inscrit pleinement dans la démarche « sport et société » de notre fédération.
De neufs courses « communales », l’événement est aussi passé à cinq courses « territoriales » afin de se calquer sur les cinq nouvelles intercommunalités mahoraises. Cela a permis de rationnaliser l’organisation. À présent, chaque intercommunalité accueille une course à laquelle participent 300 enfants : 150 garçons et 150 filles, avec deux départs distincts.
Selon le cahier des charges, les jeunes doivent être mineurs, ne pas mesurer plus de 1,45 m, apporter deux bâtons, leur pneu et le petit pot de yaourt que l’on glisse à l’intérieur de celui-ci : une astuce afin qu’il roule mieux. Les courses se déroulent sur la voie publique, sur une distance allant de 1,3 à 2 km, et les dix premiers sont qualifiés pour représenter leur intercommunalité à la grande finale de Mamoudzou.

RENDEZ-VOUS LE 1ER JUILLET
Cette finale voit la participation des meilleurs coureurs de l’ile : 1500 enfants au départ, le but étant de terminer parmi les quarante premiers. En 2017, elle s'est déroulée le samedi 1er juillet. Auparavant, du 29 avril au 20 mai, la manifestation aura fait étape au sud (près de Bouéni), au nord (à Acoua), au Centre (à Sada), à Dembéni et sur l’île de Petite-Terre.
Cette finale s’ouvre aussi de plus en plus aux adultes, qui eux courent par équipe. Ils seront plus de 300, répartis dans différentes catégories : femmes, hommes, troisième âge et « gros pneus », pour les gros bras qui préfèrent manier des pneux de camion ou de tracteur... Et, au-delà de l’enjeu sportif, c’est bien évidemment l’occasion de faire la fête ensemble.
L’organisation d’une telle manifestation mobilise tous les services de l’État, les collectivités, les secouristes, les forces de sécurité… Aux côtés de l’agence Angalia, l’Ufolep s’y investit elle aussi avec son jeune réseau de bénévoles. Avec le sentiment d’être parfaitement dans son rôle en accompagnant une manifestation « identitaire », tout en s’affirmant dans le paysage sportif et culturel local et se structurant elle-même peu à peu.

 

(1) Rappelons que cette île de l’archipel des Comores, située dans l’Océan indien à mi-chemin entre la côte de la Tanzanie et Madagascar, est la seule à être restée française à l’issue des référendums d’autodétermination successifs organisés en 1974 et 1976.
(2) Et plus précisément de la délégation à la politique de la Ville (au sein de la préfecture) et de la direction à la jeunesse, aux sports et à la cohésion sociale (DJSCS).

Mamadou MBODJI, coordinateur de l’Ufolep Mayotte

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