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L'histoire de l'Ufolep

Le 15 novembre 1866, la Ligue française de l'enseignement est créée, à la suite de l'appel signé par quatre fondateurs : Jean Macé, Antoine Many, Jean Petit et Jean Larmier. « Les soussignés, désireux de contribuer personnellement au développement de l'instruction dans leur pays, déclarent adhérer au projet d'établissement en France, d'une Ligue de l'enseignement au sein de laquelle il demeure attendu qu'on ne servira les intérêts particuliers d'aucune opinion religieuse ou politique. » Un an plus tard, en 1867, la Ligue française de l'enseignement compte 5 000 membres et mène un combat pour la défense de l'école publique laïque et le développement des principes de la IIIème République.

En 1925, au congrès de Saint-Etienne (Loire), la Ligue française devient la Confédération des œuvres laïques. Parallèlement, la Ligue de l'enseignement met en place dans chaque département une Fédération des œuvres laïques capable de coordonner l'ensemble des activités laïques actuelles et d'assurer une liaison avec la Confédération. C'est dans ce contexte que naît en 1928, au congrès de la Ligue, l'Union française des œuvres laïques d'éducation physique (UFOLEP).

En 1929, l’UFOLEP déclarait au Comité national des sports (CNSport), lors de son agrément, 1 210 sociétés et 106 000 membres adhérents. Durant les années 30, l'UFOLEP déploie une vaste campagne en faveur des écoles élémentaires, pour la pratique du sport et pour le développement de l'éducation physique à l'école ainsi que pour la création et la généralisation de terrains d'éducation physique à proximité des écoles. Des circulaires nationales étaient envoyées dans tous les départements pour inciter au développement d'une pratique sportive populaire plus particulièrement en direction des jeunes et des femmes ainsi qu'à la mise en place d'une société sportive au sein de chaque amicale. En 1931, l'UFOLEP comptera 50 fédérations représentant 22 000 sociétés soit environ 110 000 jeunes garçons et filles, faisant de l'UFOLEP une des plus importantes fédérations sportives de l'époque. Compte tenu du développement des activités et de l'accroissement régulier du nombre de pratiquants, des commissions sportives composées de techniciens sont mises en place. Ces commissions avaient pour tâche d'organiser des programmes d'action dans chacune des disciplines et il est alors demandé que la Ligue de l'enseignement donne des directives pour l'organisation du sport féminin.

En 1936, un gouvernement de Front populaire est élu avec ses grandes réformes sociales : congés payés, semaine de travail de 40 heures, mise en place d'un Secrétariat d'Etat aux loisirs et aux sports, indépendant de l'éducation nationale, et animé par Léo Lagrange, qui donneront à la France un élan nouveau de popularisation des sports, de la culture et des loisirs. Le développement des pratiques sportives a amené l'UFOLEP, à cette époque, à multiplier des contacts de plus en plus nombreux avec les fédérations sportives.

Le 19 octobre 1938, un projet d'entente avait été élaboré entre l'OSSU (Office du sport scolaire et universitaire) et l’UFOLEP pour développer des rencontres scolaires communes. Le comité directeur de l'UFOLEP avait établi et présenté au Ministère de l'éducation nationale, un projet de statut constitutif de l'USEP. L'USEP devrait être à l'enseignement primaire ce que l'OSSU était au deuxième et troisième degré de l'enseignement. Le 1er février 1939, le ministre de l'Education nationale, Jean Zay, adresse une circulaire aux recteurs : l'acte de naissance de l'Union sportive de l'enseignement du premier degré (USEP).

En juin 1940, le gouvernement de Vichy confie l'éducation physique et le sport à un Commissariat général de l'éducation et des sports. Le mouvement sportif est alors fortement contrôlé par l'Etat qui nomme les présidents des fédérations unisports dites délégataires. L'expression politique, syndicale, associative et laïque est étouffée. La Ligue française de l'enseignement et ses filiales, y compris l'UFOLEP et l'USEP sont dissoutes par décret du 17 avril 1942. Les biens sont placés sous séquestres et l'immeuble de la rue Récamier à Paris sera mis à la disposition des « Jeunes du Maréchal ». Cependant l'action continue au sein de l'organisation dissoute.

Du 26 au 29 septembre 1945 la Ligue tenait à Paris son 56ème congrès dit « Congrès de reconstitution ». Saisissant l'opportunité de ce congrès, des anciens de l'UFOLEP d'avant 1940 se regroupaient et tenaient leur première réunion officielle. Vingt et un comités régionaux étaient créés ainsi que dix-sept commissions sportives et administratives. Un vaste élan d'action militante et bénévole se développait dans tous les secteurs de la vie politique, sociale, éducative, sportive et culturelle. L'UFOLEP éditait 150 000 tracts rappelant qu'elle avait été la seule fédération sportive à avoir été dissoute par le gouvernement de Vichy. Des réunions de propagande furent organisées un peu partout sur le territoire. C'est ainsi que le sigle UFOLEP, jeté aux oubliettes sous Vichy, réapparaissait dans toute la France métropolitaine, en Algérie, en Tunisie, au Maroc, à Madagascar, en Martinique, en Guadeloupe et à la Réunion. Au 31 décembre 1945, on comptait 1562 sociétés.

En 1947, au cours d'un stage UFOLEP à Cannes, une charte de l'USEP avait été élaborée et le premier stage USEP eut lieu en 1949 à l'Institut national du sport à Paris. Malgré le manque d'aides financières rencontré pendant toute cette période d'après-guerre, les effectifs augmentent, le nombre de sociétés progresse, les rencontres deviennent de plus en plus nombreuses. Au cours des 10 années suivantes, le nombre total des licenciés a augmenté de 48%, et celui des jeunes de 68%. L'augmentation la plus nette se place dans la catégorie « Cadets » pour lesquels les comités régionaux réservaient la moitié de leur budget.

Pendant les années 63/64, le nombre de sociétés a augmenté, les effectifs aussi. L'UFOLEP-USEP, forte de près de 700 000 membres dont plus de 520 000 sont d'âge scolaire, est une fédération dont l'action est respectée et considérée. L'UFOLEP réaffirme son orientation : développement des activités de pleine nature, effort en faveur du sport féminin, priorités aux sports de base. En 1965, le congrès de Marseille met l'accent sur la création d'un service Plein Air et Sport, dont le délégué UFOLEP serait responsable et qui regrouperait les activités de plein air, sportives et aéronautiques.

Lors de l'assemblée générale de 1970, à Saint-Nazaire, les règlements généraux de l'UFOLEP sont modifiés. Le commissaire général devient le président. En 1976 un colloque est organisé par le Secrétariat d'Etat à la jeunesse et aux sports, et réunit des représentants des fédérations affinitaires (FSCF, FSGT, UFOLEP, FFEPGV, FFEPMM), du CNOSF et du Secrétariat d'Etat, sur le thème « Sport pour tous ». En 1978, l'UFOLEP fête son cinquantième anniversaire. Pendant toute l'année, tout était prétexte à la fête. De très nombreuses manifestations et rassemblements se sont déroulés dans tous les départements de France.

Après son élection en 1981, le nouveau comité directeur s'est fixé comme première tâche de mieux s'impliquer dans la réalité des comités départementaux et régionaux. De nouvelles commissions nationales sont mises en place et en particulier une commission Formation. L'USEP multiplie ses contacts avec les fédérations sportives habilitées et les groupements sportifs extrascolaires. Elle participe avec de nombreuses fédérations à la rédaction de documents pédagogiques et techniques destinés aux animateurs de clubs et associations. De son côté, l'UFOLEP s'ouvrait au monde international. Des échanges se multipliaient notamment avec l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ). L'UFOLEP prend aussi la décision de s'ouvrir à de nouvelles activités. Des protocoles internationaux ont été signés entre la Fédération québécoise de crosse et la Fédération internationale de korfball pour permettre à l'UFOLEP d'avoir l'exclusivité de développer la « crosse québécoise » et le korfball en France. Toutes ces opérations étaient propices à mettre en place et à développer « une autre idée du sport ». Cette période amena de grands changements dans le fonctionnement structurel. En 1984, suite à la loi Avice, l'USEP devient une fédération sportive. Toutes les sections USEP créées au sein des écoles doivent donc se constituer en association de type loi 1901. En avril 1987, le premier comité directeur USEP transitoire de 9 membres fut nommé au sein du comité directeur UFOLEP. L'année suivante, lors du congrès de Martigues, eut lieu la première élection du comité directeur de l'USEP. En 1989, c'est le cinquantenaire de l'USEP, et le bi-centenaire de la révolution. C'est donc sur le thème de la citoyenneté que se s'est déroulée la grande majorité des manifestations qui ont commémoré le « cinquantenaire ».

L'éclatement des frontières, l'Europe qui construit, les migrations facilitées, la banalisation des voyages, universalisent la notion d'un homme « citoyen du monde ». Comment dans ce contexte, l'UFOLEP et l'USEP pourraient-elles être absentes ? Tout au long de cette décennie, l'UFOLEP et l'USEP auront l'occasion à de nombreuses reprises de concrétiser cette volonté politique que les comités directeurs voulaient affirmer à tous les niveaux. Le XXème siècle se clôture par les « Rencontres internationales du sport et de la culture » organisées par l'UFOLEP et l'USEP à Villeneuve d'Ascq. Pendant plusieurs jours, 5000 participants de différents pays ont pu se rencontrer sur les terrains et dans les salles.

En 2000, une nouvelle loi sur le sport émane du Ministère de la jeunesse et des sports. Cette loi confirme l'indépendance des deux fédérations sportives : l'UFOLEP, fédération sportive affinitaire, et l'USEP, fédération sportive scolaire. C'est aussi la fin de la présidence commune aux deux mouvements. De nouveaux statuts sont votés et présentés au Conseil d'Etat. De nouveaux règlements intérieurs sont conçus et adoptés lors du congrès d'Amiens, en avril 2003. En 2004, l'UFOLEP et l'USEP se séparent pour former deux fédérations distinctes. Les nouvelles dispositions statutaires adoptées entre 2001 et 2003 prennent officiellement effet.

Philippe BRENOT

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