Le thEâtre pOpulaire et la Ligue de l'enseignement
Le théâtre est lié à un public et à l'écoute de ce public, variant selon les époques. La notion de théâtre populaire existe depuis l'antiquité : Epidaure et les grands tragiques grecs, les Mystères, le Siècle d'or espagnol, Shakespeare, la Commedia dell'Arte...

La création du Théâtre du Peuple de Bussang développera cette idée de théâtre populaire contemporain. En effet, en 1895, après une première tentative réussie en 1892, Maurice Pottecher quitte le milieu artistique et littéraire parisien dans lequel il avait débuté sa carrière d’homme de lettres pour revenir dans son village natal. Tout à la fois auteur, metteur en scène, acteur et chef de troupe, il entend alors proposer un théâtre « par l’art, pour l’humanité », devise aujourd’hui encore inscrite au fronton du Théâtre du Peuple. Il s’agit d’inventer un théâtre qui, loin de Paris, pourrait renouveler l’art de son temps, tout en s’adressant au plus grand nombre. Fort d’un immédiat rayonnement national et international, le Théâtre du Peuple devient une « ruche » à l’arrivée de l’été pour proposer, chaque année, des spectacles du répertoire pottecherien.
Viendront ensuite Firmin Gémier et le premier Théâtre National Populaire (TNP) , une institution théâtrale fondée en 1920 à Paris. Puis beaucoup d'autres, J. Copeau, les Comédiens Routiers, Romain Rolland, Charles Dullin...
Après la guerre 39-45, la grande décentralisation voulue par Jeanne Laurent, avec les Centres Dramatiques Nationaux de J. Dasté, H. Gignoux, M. Sarrazin... et les Festivals (cf article sur Avignon), A. Mnouchkine... Pour beaucoup, c'est Jean Vilar et le TNP qui suscitent un vif intérêt dans les mouvements d'éducation populaire.
La Ligue de l'enseignement, grâce à sa section UFOLEA, avec Elie Ferrier, Pierre Boyries et les animateurs locaux, participe à cette rénovation. Il y avait fort à faire pour accompagner ce bouleversement dans le choix du répertoire, la décoration, la pratique des comédiens amateurs. Elle organise des stages de formation, des rencontres, des publications... Les stages de réalisation sont plus ambitieux : choix d'une pièce, distribution, mise en scène, techniques corporelles et vocales, jeu des comédiens amateurs, costumes, éclairage... pour aboutir à une représentation publique. A titre d'exemple : « Maître Puntilla et son valet Matti » de B.Brecht, à Saint-Siméon de Bressieux. Les initiatives locales furent nombreuses et transformèrent en profondeur les pratiques de la plupart des
amateurs. La Fédération de Paris, outre la prise d'abonnements au TNP et les stages a créé avec UFOLEA SPECTACLES une collectivité importante de spectateurs pour amener un public nouveau.
Le théâtre populaire de J. Vilar laissera un vaste héritage, aujourd'hui en partie appliqué : l'importance accordée au public et à la qualité de son accueil, la gratuité des services, les entretiens, la publication des textes joués, le respect des horaires, le choix d'un répertoire de qualité...