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Alain Meyer, le milieu associatif plutôt que l’enseignement

Secrétaire général de la Fédération en Meurthe-et-Moselle

Parti pour être enseignant, Alain Meyer délaisse rapidement son métier pour mieux se consacrer au milieu associatif, notamment à la Ligue de l’enseignement de Meurthe-et-Moselle. Son leitmotiv : favoriser la mixité sociale à travers l’éducation populaire.

C’est dans sa maison située à Frouard, dans l’agglomération de Nancy, qu’Alain Meyer convoque ses souvenirs. Le sexagénaire s’accorde une pause, ce mardi, entre réunions diverses, assemblées générales et rendez-vous dont il est difficile de prévoir la fin. « J’ai beau être à la retraite, j’ai du mal à décrocher », lance-t-il, amusé. Son engagement ne date pas d’hier. Issu d’une famille modeste installée à Longwy (54), Alain est le fils d’une mère « avant-gardiste et décoiffante » qui lui transmet sa fibre sociale et son ouverture d’esprit, et d’un père contremaître syndiqué qu’il voit partir trop tôt.

L’enfant fréquente les centres de vacances dès l’âge de 10 ans. « C’est le premier cadre collectif que j’ai connu après son décès. Qui sait, ce besoin d’une vie en collectivité vient peut-être de là ? » Ses études à l’école normale le mènent à Nancy à l’âge de 16 ans. L’adolescent s’implique tout au long de l’année dans le foyer socio-éducatif de l’établissement, en tant qu’animateur puis président. « J’étais également proche de la Fédération des œuvres laïques, c’est ainsi que j’ai connu la Ligue de l'enseignement », confie-t-il d’une voix rauque.

La volonté de gérer un centre de vacances

En parallèle, il pratique le rugby et le handball où il développe ses relations avec les autres. « À l’image d’une association, les sports collectifs m’ont appris que la réussite dépendait de la performance de tout un groupe. » Chaque été, Alain retourne en centre de vacances et passe rapidement de simple animateur à directeur d’établissement, vadrouillant au gré des opportunités, des Alpes à la côte Atlantique, en passant par le Verdon et la Corse. Un poste à responsabilités qui, du haut de ses 23 ans, est loin de l’effrayer : « J’avais cette volonté de gérer des personnes et d’organiser à ma façon la vie d’un centre de vacances pour enfants », sourit-il.

Diplôme en poche, prêt à démarrer sa carrière d’enseignant, Alain décide de partir en coopération au lieu d’effectuer son service militaire. Il met le cap sur l’Ouganda, où il enseigne le Français à des fonctionnaires deux années durant. « Une expérience très enrichissante ! J’ai découvert un pays, un mode de vie et des coutumes différents. Je me suis fait des amis originaires de Centrafrique, de Somalie, du Pakistan », rembobine le baroudeur qui, à son retour en France, troque son poste d’enseignant pour celui de délégué à l’Ufolep. C’est la Ligue de l'enseignement, qui le connaît pour ses engagements passés, qui lui propose de rejoindre l’organisation sportive où il s’oriente vers la formation.

Prendre des risques, sortir de sa zone de confort

Il y reste trois ans, avant de se marier et de repartir à l’aventure. « Mon épouse m’a suivi jusqu’en Lybie où pendant deux ans, j’ai donné des cours de Français à des non-voyants. J’avais besoin de sortir de ma zone de confort », explique celui dont la devise est de ne jamais rester trop longtemps au même endroit. Dans sa cuisine, Alain se sert une tasse de café. Il réalise qu’il a finalement préféré le milieu associatif à l’enseignement. « C’est moins vertical et cela permet de faire tomber les barrières socio-économiques », analyse-t-il.

Car après avoir enseigné quelques mois à son retour en Meurthe-et-Moselle, Alain est à nouveau démarché par la Ligue de l'enseignement et se voit proposer un poste au service « vacances ». « Cela me correspondait compte-tenu de mon expérience. Peu après avoir accepté, un collègue est parti et j’ai été nommé à la tête du service. » Conception et construction des centres, prospection de clientèle, évaluation de la faisabilité des projets… « C’était formidable, je me déplaçais pour visiter les sites et faisais travailler mon imagination lorsque j’étais au bureau. »

Aider les jeunes à trouver leur place dans la société

Après des années passées à rêver, Alain est sollicité pour devenir secrétaire général de la Fédération. « La Ligue de l'enseignement est riche d’une diversité d’activités, de structures. Elle a un rôle à la fois social et politique : ceux qui veulent bien s’y engager en tirent un bénéfice évident », assure ce fervent militant de l’éducation populaire et de la mixité sociale, évoquant les jeunes volontaires recrutés en service civique qui, partis de rien, finissent par obtenir un diplôme et trouver leur place dans la société. « C’est une immense satisfaction ! »

Aujourd’hui, le retraité âgé de 66 ans s’adonne au jardinage, à la lecture et au bénévolat. S’il tente de lever le pied, il reste adhérent de deux organisations et le tissu associatif local le sollicite régulièrement. « Je m’implique aussi dans l’éducation de mes deux petits-enfants. On ne les emmène pas là où on veut, il faut les aider à apprendre à vivre seuls. C’est ce que j’essaie de leur transmettre », conclut ce grand-père épanoui.

Nejma BRAHIM

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