Cécile Couprie, le sport au service des apprentissages
Enseignante et membre de l’Usep
Elle est enseignante, membre de l’Usep et désormais conseillère pédagogique en EPS dans le Morbihan : Cécile Couprie se démène au quotidien pour faire du sport – qu’elle pratique avec plaisir – un instrument d’apprentissage et de citoyenneté.
Entre Cécile Couprie et l’école, ce fut d’abord une histoire de rendez-vous manqués. « Je n’étais pas spécialement bonne élève, je n’aimais pas vraiment y aller car j’y prenais peu de plaisir. Franchement, je préférais les vacances en famille », s’amuse celle qui, pourtant, allait devenir enseignante. Mais une série de hasards va ramener la jeune femme vers l’Éducation nationale. Après avoir raté le concours de la rue Blanche à Paris 1 , qui permet de devenir scénographe, Cécile Couprie s’inscrit en faculté d’arts plastiques à Rennes. Puis elle s’offre une parenthèse au Mexique afin d’y enseigner le français dans un lycée, de jouer les manageuses-traductrices pour des groupes de musique en tournée, de s’occuper d’enfants dans un hôtel du Yucatan… Conquise par ces expériences, elle s’apprête à travailler dans une école maternelle mexicaine quand, lors d’un bref retour en France, elle postule à un emploi-jeune d’intervenante en arts plastiques dans le primaire : « C’est pendant ces six années à Guémené-Penfao que j’ai découvert l’école de l’intérieur. Je me suis sentie à ma place. Séduite, j’ai repris mes études à la Sorbonne pour passer mes concours et intégrer l’IUFM. »
Immédiatement dans le rythme
Pour son premier poste d’« instit », la bretonne se retrouve à Mauron (Morbihan). Des débuts agréables, sans stress superflu : « J’ai le sentiment d’avoir été bien préparée, sur les plans théorique et pratique. Je ne me suis jamais sentie perdue, d’autant que j’étais bien accompagnée par l’équipe enseignante. Je pense donc que je dégageais une certaine confiance en moi, auprès des élèves comme des parents. » Lors de ses six années passées avec des élèves de cycle 3, celle qui a pratiqué la danse, la natation et la natation synchronisée remet en place l’association Usep de l’école, afin de créer un lien entre les établissements ruraux du secteur par le biais de rencontres locales trimestrielles. « J’ai découvert l’Usep en tant qu’élève », souligne cette sportive dans l’âme. « Plus tard, le dispositif départemental nous a été présenté lors de ma formation à l’IUFM. Je ne sais pas l’expliquer mais il m’a tout de suite semblé évident que cela ferait partie de ma pratique d’enseignante. » Petit à petit, tout le monde y a trouvé de l’intérêt, à commencer par les enseignants qui, souvent isolés dans des classes uniques multiniveaux ou dans de toutes petites écoles, ont pu organiser leurs progressions en EPS en fonction des rencontres ponctuant l’année scolaire, et mutualiser leurs pratiques comme leurs préparations. Les élèves aussi y trouvent leur intérêt puisqu’ils pratiquent des activités sportives variées et parfois nouvelles, retrouvent d’année en année les copains avec lesquels ils vont étudier dans leur collège de secteur, prennent progressivement en charge l’organisation des rencontres : préparation, animation, arbitrage…
S’appuyer sur la réussite en éducation physique et sportive
« Très vite, cette façon de travailler autour de projets transdisciplinaires m’a permis de donner du sens aux apprentissages auprès de mes élèves », indique Cécile. « Par exemple, la préparation du “P’tit Tour” (randonnées à vélo) les encourage à utiliser leurs connaissances en mathématiques et en géographie pour les lectures de cartes sous différentes échelles afin de repérer le parcours. Cela permet aussi de découvrir l’histoire des lieux parcourus (canal de Nantes à Brest…). D’autant qu’un élève éprouvant des difficultés en classe pourra s’appuyer sur sa réussite en sport. C’est extrêmement précieux. Et n’oublions pas que le développement de l’enfant se fait aussi par la motricité. »
Comme décidément le hasard guide le parcours de Cécile, un poste de conseiller pédagogique en EPS – vacant – s’est présenté lors de la rentrée 2011 dans sa circonscription du Morbihan. Pour Cécile, la principale mission consiste à suivre et à accompagner ses collègues : animation de séances en classe, fourniture de documentation, conseils. Mais aussi à organiser des rencontres sportives, dont les cross à la rentrée qui accueillent environ 300 enfants de la maternelle au CM2 : « De façon générale, ces courses de la solidarité sont des moments très attendus des élèves comme des parents, car ils sont chargés en émotions. Les élèves s’engagent dans un défi personnel pour une cause solidaire. Ce sont des projets porteurs de valeurs, idéaux pour les amener à développer le goût de l’effort, à approfondir leur réflexion sur l’entraide, la coopération, le bénévolat », note la conseillère pédagogique dont le bureau est basé à Ploërmel. En hiver, des petits bals bretons sont organisés dans les écoles primaires avec des musiciens du CFMI (Centre de formation de musiciens intervenants). Tandis qu’au printemps, les rencontres autour de jeux collectifs (rugby, handball, basket), d’athlétisme ou de course d’orientation font également recette. « Il y a jusqu’à 12 classes par rencontre ; on regroupe les élèves par cycle. Nous essayons d’imposer que les plus grands prennent en charge l’installation et l’animation des ateliers, l’arbitrage, l’accueil des plus jeunes, qu’ils s’expriment devant des enfants inconnus et s’encouragent mutuellement. Le but est de former des citoyens sportifs et loyaux. » Les rencontres Scolarugby (matchs de rugby adaptés aux enfants) ou « Hisse et Eau » (autour d’activités nautiques) complètent le dispositif.
De retour en classe?
« J’aimerais mettre en place encore plus de choses, innover davantage », regrette Cécile. « Mais il s’agit d’un travail de fond. Je souhaiterais aussi que les associations Usep soient plus vivantes et se détachent un peu du scolaire. » Mais cette femme de 38 ans, d’un tempérament dynamique, doit aussi gérer le suivi de l’enseignement des langues dans sa circonscription, l’agrément des centres de classes de découvertes, l’accompagnement des jeunes professeurs titulaires depuis moins d’un an. Malgré cet emploi du temps à rallonge, elle parvient régulièrement à courir et à faire du VTT. Sans oublier la navigation sur de vieux gréements et la réalisation des décors du spectacle annuel de la compagnie Scenez’Bulles, basée au Pouliguen.
Devenue militante sur le terrain, Cécile fait partie depuis quelques années du comité départemental Usep. Elle y suit des formations, d’ailleurs utiles pour l’enseignante qu’elle n’a jamais cessé d’être : « J’y pioche des idées, des pratiques. Et humainement, ça se passe toujours très bien. » Elle songe d’ailleurs, d’ici peu, à revenir en classe. « J’ai eu l’occasion de préparer des formations pour des maternelles, j’ai hâte de les mettre en pratique », explique cette enthousiaste, donnant ainsi presque le sentiment de se justifier. « Le travail au quotidien avec des enfants est passionnant. » On l’avait deviné.
1. Lieu où se situe l’École nationale supérieure d’Arts et techniques du théâtre.