Pétition en fAveur de l'enseignement gratuit, obligatoire et laïque (1872)
La guerre de 1870-71 marque une rupture profonde en causant la perte de l’Alsace-Lorraine, berceau de la Ligue de l'enseignement. Au lendemain de la Commune de Paris, à l’automne 1871, le cercle parisien lance le « mouvement national du Sou contre l’ignorance » et organise, avec le soutien de nombreux journaux, une grande pétition en faveur de l’enseignement primaire, qui revendique d’abord la gratuité et l’obligation et dans un second temps, la laïcité. Cette pétition, qui recueille au total 917. 267 signatures[1], est portée à l’Assemblée Nationale à Versailles le 19 juin 1872 par une délégation conduite par Jean Macé, entouré des représentants de tous les groupes républicains. Mais la majorité conservatrice et monarchiste de l’Assemblée l’ignore. C’est pourquoi elle sera suivie d’une nouvelle initiative : l’Enquête sur la laïcité, destinée à propager cette idée auprès de tous les élus de la nation. Une première définition de la laïcité scolaire – « la science à l’Ecole, l’instruction religieuse à l’Eglise »- est donnée à cette occasion par Emmanuel Vauchez, secrétaire du cercle parisien.
Ces campagnes d’opinion conduites par la Ligue de l’enseignement ont ouvert la voie aux lois scolaires de Jules Ferry, et en ont dessiné en quelque sorte le cadre. Dans l’intervalle, la Ligue de l'enseignement a du subir les persécutions des gouvernements conservateurs et cléricaux dits de l’Ordre moral, qui ont interdit certains cercles et favorisé une Eglise réactionnaire. C’est à travers ces combats héroïques que la Ligue de l’enseignement a lié définitivement son destin à celui de la République. Jean Macé crée alors les « sociétés républicaines d’instruction » qui contribuent à diffuser l’idée républicaine et à assurer la victoire définitive de la IIIème République.
[1] Et plus de 1.250.000, si on y ajoute celles recueillies avant la guerre de 1870, lors d’une première pétition organisée par le comité de Strasbourg.