Mort de Jean Macé et naissance des œuvres laïques (1894)

Au cours des années 1890, dans le contexte des attentats anarchistes et de la montée des luttes ouvrières et du socialisme, la Ligue de l'enseignement, qui connaît une crise de croissance, prend conscience que l’École laïque ne peut pas tout pour résoudre la question sociale, et qu’il faut lui donner « un lendemain ». La cible à atteindre devient principalement l’adolescence populaire, guettée par les dangers de la rue au sortir de l’obligation scolaire (fixée alors de 6 à 13 ans). Jean Macé supervise cette relance du mouvement qui commence en 1894 par un célèbre « Appel » de la Ligue de l'enseignement (en mars) et par le congrès de Nantes (2-5 août). Après la mort de Macé (décembre 1894), c’est sous l’autorité de son successeur, Léon Bourgeois, président de la Ligue de l'enseignement entre 1895 et 1898, que ce programme va devenir opérationnel, notamment lors des congrès du Havre et de Bordeaux (1895).
Il s’agit d’entourer l’École d’une série d’œuvres d’instruction, mais aussi d’éducation, dites « péri » et « post » scolaires, visant à prendre en charge les besoins de formation, mais aussi de loisirs et de protection sociale des enfants et des adolescents : mutualités scolaires, société d’ancien(ne)s élèves, patronages laïques, sociétés de voyages scolaires et de colonies de vacances, cours d’adultes, conférences, etc. Ces œuvres ont également pour fonction d’assurer la défense et le rayonnement de l’Ecole laïque contre les écoles et œuvres confessionnelles concurrentes. A l’encadrement des jeunes gens (« de l’école au régiment ») s’ajoute l’encadrement des jeunes filles (« de l’école au ménage »).
Ce processus aboutit à structurer l’éducation populaire laïque sous une forme durable : les institutrices et les instituteurs s’impliquent massivement et d’une manière militante, tandis que les pouvoirs publics délèguent à la Ligue de l'enseignement le soin d’orchestrer le mouvement, sur la base d’un rapport de confiance. Le symbole en est la nomination en 1895 d’Edouard Petit, dirigeant de la Ligue de l'enseignement, à la tête d’une mission officielle d’enquête sur les œuvres péri et post scolaires. Il rédigera chaque année un rapport remis au ministre de l’Instruction publique jusqu’en 1917, année de sa mort.